lundi 10 septembre 2007

Nos chiens font vendre



Un chien qui pleure, jaloux de la nouvelle Hyundai, deux labradors amoureux qui vantent les destinations italiennes de Flybaboo: en ce moment, les toutous sont en vedette dans la pub suisse. Un grand classique pour émouvoir


Des chiens qui pleurent à grosses larmes dans la rue: c'est suffisamment rare pour que vous l'ayez peut-être remarqué. Il s'agit, selon les différentes affiches, d'un minuscule carlin, d'un boxer et d'un basset. Et pourquoi sont-ils à ce point bouleversés? A cause d'une voiture, la nouvelle Hyundai i30, qui s'apprête, selon le texte d'une campagne visible dans toute la Suisse, à devenir «très bientôt votre meilleure amie» et donc à détrôner les toutous en question dans le coeur des familles. Le drame absolu pour eux.

Une voiture qui fait pleurer un chien: c'est une manière de souligner le côté si attachant de la nouvelle Hyundai. Avec ses cinq portes et son large coffre, elle vise le marché le plus important de l'automobile: celui, occupé également par les Golf, les Toyota Auris, des voitures familiales à prix modéré. Imaginée par une agence anglaise, la pub se retrouve en ce moment dans toute l'Europe. «Le but, en quittant le monde classique de l'automobile, est de toucher plus directement tout le public. On a eu beaucoup de retours. Certains ont découpé le chien sur l'affiche», explique Reto Semmler, porte-parole de la marque.

Un grand classique
C'est le chien qui est la vraie vedette de la pub. Dans le spot TV, le chef de meute rassemble les siens pour leur annoncer la mauvaise nouvelle. Leurs maîtres ont donc trouvé une nouvelle meilleure amie. «Mais rapporte-

t-elle aussi le bâton, garde-t-elle aussi la maison?» s'inquiètent ses congénères en choeur comme dans un Walt Disney. Dans les succursales, ce sont ces mêmes héros, en carton-pâte, haut de plus d'un mètre, qui proposent les prospectus.

Le concept, Alphonse Garcia, directeur de l'agence Rive Gauche à Genève, le trouve un peu téléphoné. «C'est attirer l'attention du public en jouant sur l'émotion facile.» Recourir à des animaux, les chiens en particulier, en leur prêtant des comportements humains, en jouant sur l'anthropomorphisme, a toujours été un grand classique de la pub, l'idéal le plus souvent pour faire rire, pour se donner un côté sympa, décalé.

Un spaghetti pour deux
Dès lundi, on découvrira sur les murs romands deux autres chiens. Deux labradors, face à face, se partagent un spaghetti, réplique de la fameuse scène de «La belle et le clochard». La campagne est destinée à promouvoir les plus belles destinations italiennes offertes par Flybaboo, Olbia, Naples et Rome notamment.

L'occasion de retrouver «Tofu» en amoureux cette fois. Car, on le sait, Julian Cook, jeune patron de la compagnie, a, dès le début, utilisé «Tofu», son labrador, comme emblème de la compagnie sur toutes les pubs. Sans véritable calcul marketing de sa part. «Comme «Tofu» m'accompagnait toujours à l'aéroport, j'avais simplement trouvé l'idée sympa.» Elle s'est transformée en coup de génie, collant parfaitement à l'image sympa, décontractée de Flybaboo. «De plus en plus souvent, quand je me promène avec lui dans la rue, les gens m'interpellent en me disant: «Mais c'est Tofu!»

Antichoc
«Utiliser un animal, un chien en particulier plutôt que le consommateur lui-même permet de dire des choses assez graves, d'aller loin, sans choquer personne. Car le chien dégage forcément une image sympa», souligne Philippe Meyer, de l'agence Exxtra à Zurich. Dans une pub anglaise pour Heineken, des jeunes renversent une bière sur une terrasse. Un chien en profite pour laper le liquide. Quand il repart, il zigzague tout comme son maître ballotte au bout de la laisse: en fait, il s'agit d'un chien d'aveugle. «Si vous buvez trop, vous devenez aussi dangereux pour les autres», conclut la pub. Une manière d'alerter plus drôle et peut-être tout aussi efficace que de montrer un accident. Merci, Médor!

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