jeudi 6 septembre 2007

Les animaux meurent de faim



Un régime draconien pour des animaux déjà affamés et malades, des cages rouillées et exiguës, un parking inexistant …, le Zoo d’Abidjan va mal et risque, si l’on n’y prend garde, de fermer ses portes très prochainement, faute de pensionnaires.

“Chauffeur, je descends au Zoo…”.
Le Zoo d’Abidjan, voilà un endroit bien célèbre à Abidjan.
Et pourtant, les visites se font rare.
La cause de cet abandon, indique un homme de média, est que les animaux qui y vivent sont en train de subir une “euthanasie programmée”.
“On ne nourrit pas les animaux qui y sont.
Les populations n’ont donc pas envie de s’y rendre pour montrer des animaux squelettiques à leurs enfants”, avance-t-il.
Le décor du Zoo confirme son argumentaire.
Déjà, à l’entrée du site, une pancarte indique un parking inexistant, perdu dans la broussaille.
Plus loin, du côté droit de la grande barrière qui précède le poste de réception, une grande cage, vide et éventrée en quelques endroits reçoit les visiteurs.
“Les animaux qui étaient ici sont morts”, révèle A.
N.
, un jeune guide.
Au rythme des cris de singes et d’oiseaux, les visiteurs s’acquittent des frais de visite à la caisse.
Les tickets sont à 300 FCFA pour les adultes, et à 100 FCFA pour les enfants.
Mais le tableau dans l’enceinte de cet espace est sombre.
Les pensionnaires sont mal en point.
L’unique éléphant du Zoo est famélique.
L’air hagard, il tourne en rond sur une estrade étroite.
Les lions, prétendus maîtres de la jungle, ont aussi triste mine.
Leur pelage est terne, et leurs coups d’œil sont lourds.
Etendus de tout le long, ils ressemblent à de grands chats.
Ils ont arrêté depuis déjà belle lurette de jouer, en vue de préserver le peu d’énergie qui leur reste.
Les animaux n'ont droit qu'à un seul repas quotidien, généralement entre 17 et 18 heures.
A ces heures de repas composé de quelques os et un semblant de morceaux de viande, leur agressivité est déconcertante.
Ils sont affamés et le démontrent bien.
En cas de pénurie de viande, on les soumet à un régime difficile.
Selon M.
Seka, directeur de l’Administration et des Finances du Zoo, cette alimentation répond à l’exigence de la captivité.
“Il ne faut pas que les animaux dépassent un certain poids.
16 kg pour les mâles et 12 kg pour les femelles.
En cas de cherté de la viande, on descend à 12 kg pour les mâles et 8 kg pour les femelles”.
Selon M.
Seka, à côté de l’alimentation des animaux, il y a le problème d’espace.
“Le Zoo est petit.
Il ne répond plus.
Les animaux ne peuvent pas s’épanouir”, dit-il.
Chose curieuse, cet espace écologique est étendu sur une surface de 20 hectares dont seulement 04 sont exploités.
Les autorités regardent le Zoo tombé en décrépitude.
Les nombreux programmes annoncés pour le restaurer sont restés sans suite.
Au ministère des Eaux et Forêts, on assure que le Zoo d'Abidjan souffre des difficultés économiques du pays.
L'Etat, dit-on, ne peut plus faire face à tous ses besoins.
Selon un guide qui a requis l’anonymat, “Les gens viennent toujours poser des questions, mais rien ne change.
Pire, lorsque, nous autres, petits employés du Zoo, nous exprimons les difficultés, on nous crée des problèmes”, confie-t-il.
“Les animaux sont en train de mourir de faim.
Ils ne mangent pas bien.
Et ils sont trop coincés.
Les herbivores ont plus de chance, mais les carnivores et les fructivores ont beaucoup de problèmes parce qu’on doit leur livrer la nourriture, alors que souvent, les moyens de déplacement font défaut.
C’est un petit véhicule qui est utilisé pour le transport des aliments pour tous ces animaux”, a-t-il ajouté.
Les animaux sont couverts de nombreuses blessures.
Les barres de fer à l'entrée de leurs cages sont rouillées et ils s’y frottent souvent.
Le paon qui se dressait orgueilleux dans les ruelles du Zoo a lui aussi perdu de sa superbe.
Quelques unes de ses plumes sur le bureau de M.
Séka permettent de se rappeler sa beauté d’antan.
Les buffles, les hippopotames, les hyènes, les tortues, les vipères, les caïmans, les civettes, les quelques espèces d'oiseaux, ainsi que les nombreux crocodiles n’ont pas meilleure mine.
Ils paraissent plus vieux et malades.
Le Zoo est triste et se meurt.
Koffi, homme d’Affaires, s’insurge contre ce fait : “Si on ne peut pas s’occuper de ces animaux, qu’on les libère.
Il n’est pas nécessaire de venir les enfermer et de les laisser maigrir”, dit-il.

A.E.O.

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